Lettre ouverte contre les cultures GM
signée déjà par 750 scientifiques internationaux
”Nous pressons tous les gouvernements de rejeter les cultures GM
parce qu’elles sont dangereuses et contraires à
une utilisation écologique viable et durable des ressources ! »
voir: http://www.i-sis.org.uk/list.php
Lettre Ouverte des Scientifiques Internationaux à Tous les Gouvernements
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Lettre :
Nous, les scientifiques signataires de la présente lettre, appelons à une suspension immédiate de toute propagation dans l’environnement des cultures et des produits GM, commercialement et dans des essais de plein champ, pour au moins 5 ans; à l’annulation et l’interdiction des brevets sur le vivant, sur les organismes, les semences, les lignées cellulaires et les gènes; à une investigation publique exhaustive sur l’avenir de l’agriculture et la sécurité alimentaire pour tous.
1. Les brevets sur des formes et des processus du vivant doivent être interdits parce qu’ils menacent la sécurité alimentaire, autorisent la bio-piraterie des connaissances indigènes et des ressources génétiques, violent les droits humains élémentaires et la dignité, compromettent la santé, constituent un obstacle à la recherche médicale et scientifique et vont à l’encontre de la protection des animaux (1). Les formes de vie telles que les organismes, les graines, les lignées cellulaires et les gènes sont des découvertes et ne sont donc pas brevetables. Les techniques GM actuelles qui exploitent les processus vivants ne sont pas fiables, ne peuvent être contrôlées, sont imprévisibles, et ne sont pas des inventions. De plus, ces techniques sont intrinsèquement dangereuses comme le sont beaucoup d’organismes et de produits GM.
2. Il devient plus et plus évident que les cultures GM actuelles ne sont ni nécessaires ni profitables. Elles constituent une diversion dangereuse à la nécessité d’une orientation vers des pratiques agricoles viables, durables et intégrées capables de procurer la sécurité alimentaire et la santé dans le monde.
3. Les presque 40 million d’hectares de cultures GM plantées en 1999 se distinguent selon deux caractéristiques simples (2). La majorité de ces cultures (71%) sont des cultures tolérantes à un large spectre d’herbicides, avec des firmes fabriquant des plants capables de tolérer leur propre marque d’herbicide, tandis que presque tout le reste est fabriqué avec des toxines Bt pour tuer les insectes nuisibles. Une étude universitaire portant sur 8200 essais de plein champ des cultures GM les plus répandues -le soja résistant aux herbicides- a révélé que le rendement a été de 6,5% inférieur et que ces cultures nécessitent deux à cinq fois plus d’herbicides que les variétés non-GM (3). Ceci a été confirmé par une étude plus récente de l’Université du Nebraska (4). D’autres problèmes encore ont été identifiés : une performance aléatoire, une prédisposition aux maladies (5), l’avortement des fruits (6) et des retours économiques très faibles pour les agriculteurs (7).
4. Selon le programme alimentaire des Nations Unies, il y a une fois et demi assez de nourriture pour nourrir le monde. Tandis que la population mondiale s’est accrue de 90% ces 40 dernières années, le total de nourriture par habitant a augmenté de 25%, et pourtant un milliard reste affamé (
. Un nouveau rapport de la FAO confirme qu’il y aura assez ou plus qu’assez de nourriture pour la demande mondiale sans prendre en compte une quelconque amélioration des rendements censée résulter des cultures GM d’ici 2030 (9). C’est donc bien pour accroître le monopole des entreprises opérant dans le cadre de l’économie mondialisée que les pauvres deviennent plus pauvres et plus affamés (10). Les petits agriculteurs du monde ont été conduits à la faillite et au suicide pour les mêmes raisons. Entre 1993 et 1997 le nombre de fermes de taille moyenne aux Etats Unis a chuté de 74,4000 (11), et les agriculteurs maintenant reçoivent un prix en dessous du coût moyen de production pour leurs produits (12). La population agricole en France et en Allemagne a diminué de 50% depuis 1978 (13). En Grande Bretagne, 20 000 emplois agricoles ont été perdus pour la seule année passée et le Premier Ministre a annoncé une aide de 200 million de livres (14). Quatre firmes contrôlaient 85% du commerce mondial de céréales à la fin 1999 (15). Les fusions et les acquisitions se poursuivent.
5. Les nouveaux brevets sur les semences intensifient le monopole des firmes en empêchant les paysans de conserver et re-semer leurs propres semences, acte vital pour la plupart des paysans du tiers-monde. Pour protéger leurs brevets, les firmes continuent de développer les technologies Terminator -qui programment génétiquement les graines récoltées pour ne plus germer-, malgré l’opposition mondiale des paysans et de la société civile dans son ensemble (16).
6. L’Aide Chrétienne, une association caritative travaillant avec le Tiers Monde, a conclu que les cultures GM vont être une cause de chômage, exacerber la dette du Tiers Monde, menacer les systèmes agricoles viables, durables et intégrés et causer des dommages à l’environnement. Elle prédit la famine pour les pays les plus pauvres (17). Les gouvernements africains ont condamné la déclaration de Monsanto selon laquelle les OGM sont nécessaires pour nourrir ceux qui souffrent de la faim dans le monde : « Nous ..nous opposons fortement à ce que l’image des pauvres et des affamés de nos pays soit utilisée par des firmes multinationales pour promouvoir une technologie qui n’est ni sûre, ni propice à l’environnement, non plus qu’économiquement avantageuse pour nous. Nous pensons que cette technologie va détruire la biodiversité, les connaissances locales et les systèmes agricoles viables, durables et intégrés que nos paysans ont développé depuis des millénaires, et qu’elle va anéantir notre capacité à nous nourrir nous-mêmes (18) ». Un message du Mouvement des Paysans des Philippines à l’Organisation pour la Coopération Economique et le Développement des pays industrialisés (OCDE) a exprimé que : « L’entrée des OGM va certainement accroître le nombre des « sans terre », la faim et l’injustice (19). »
7. Une coalition de groupes de petits agriculteurs aux Etats-Unis a publié une liste complète d’exigences, comprenant : l’interdiction de la propriété de toute forme de vie ; la suspension des ventes, dissémination environnementale et autres approbations des cultures et produits GM en attendant une évaluation exhaustive des impacts sociaux, environnementaux et sanitaires; la responsabilité pénale des firmes pour tous les dommages occasionnés par les cultures et les produits GM sur le vivant, les êtres humains et l’environnement (20). Elles demandent aussi un moratoire sur toutes les fusions et acquisitions d’entreprises, sur la fermeture des exploitations agricoles, et que fin soit mise aux mesures qui servent les intérêts des géants de l’agroalimentaire aux dépends des petits agriculteurs, des contribuables et de l’environnement (21). Elles ont intenté un procès à Monsanto et neuf autres firmes pour pratiques monopolisatrices et imposition des cultures GM aux agriculteurs sans évaluations de l’impact environnemental et de la sécurité (22).
8. Quelques uns des dangers des cultures GM sont ouvertement connus des gouvernements britannique et américain. Le Ministère de l’Agriculture, la Pêche et l’Alimentation (MAFF) britannique a admis que la contamination par les cultures et le pollen GM au-delà des champs cultivés est inévitable (23), et cela a déjà donné lieu à l’apparition de mauvaises herbes résistantes aux herbicides (24). Un rapport intérimaire sur les essais de plein champ sponsorisés par le gouvernement britannique a confirmé l’hybridation entre des variétés de graines de colza tolérantes aux herbicides sur des parcelles adjacentes. De plus, les graines de colza GM et leurs hybrides ont été trouvées dans les cultures ultérieures de blé et d’orge qui devaient être contrôlées par des herbicides standard (25). Les insectes nuisibles résistants aux toxines Bt ont évolué, en réponse à la présence continuelle de toxines durant la période de croissance dans les plantes GM, et l’Agence de protection de l’Environnement US recommande aux agriculteurs de planter jusqu’à 40% de cultures non-GM pour créer un refuge pour les insectes nuisibles non-résistants (26).
9. Les menaces sur la biodiversité que font peser les cultures GM principales déjà commercialisées deviennent plus et plus évidentes. Les herbicides à large spectre utilisés avec les cultures GM tolérantes aux herbicides déciment sans discrimination des espèces sauvages de plantes et sont aussi toxiques pour les animaux. Le Glufosinate occasionne des défauts de naissance chez les mammifères (27), et le Glyphosate est en rapport avec des lymphomes autres que celui de Hodgkin (28). Les cultures GM avec des toxines Bt tuent des insectes utiles comme les abeilles (29) et les hémérobes (30). Le pollen du maïs Bt s’avère fatal pour les papillons monarque (31) ainsi que pour les machaons (32). La toxine Bt est exsudée des racines des plantes Bt dans la zone du rhizome où elle adhère rapidement aux particules du sol et devient prémunie de sa dégradation. Puisque la toxine est présente sous une forme active mais non sélective, des espèces cible comme non-cible dans le sol sont affectées (33) avec des effets consécutifs sur les espèces au-dessus du sol.
10. Les produits résultants des organismes génétiquement modifies peuvent aussi être dangereux. Par exemple, un lot de Tryptophan produit par des micro-organismes GM a été identifié comme responsable de 37 décès et 1500 cas médicaux graves (34). L’Hormone de Croissance Bovine Génétiquement Modifiée, injectée dans des vaches pour accroître le rendement en lait, non seulement occasionne une souffrance excessive et des maladies pour les vaches mais accroît le IGF-1 dans le lait, lequel est en rapport avec des cancers du sein et de la prostate chez des humains (35). Il est vital de protéger le public de tous les produits GM, et pas seulement de ceux contenant de l’ADN ou une protéine transgénique. Et ceci parce que le processus de modification génétique lui-même, au moins dans la forme actuellement pratiquée, est intrinsèquement dangereux.
11. Le mémorandum secret de US Food and Drug Administration (Bureau des Médicaments et de l’Alimentation) laisse voir qu’il a ignoré les mises en garde de ses propres scientifiques lesquels affirmaient que le génie génétique constitue un nouveau départ introduisant de nouveaux risques. De plus, la première culture GM commercialisée – la tomate Flavr Savr- n’a pas subi les tests toxicologiques requis avec succès (36). Dés lors, aucun test de sécurité scientifique complet n’a été effectué jusqu’à ce que le Dr Arpad Pusztai et ses collaborateurs en Grande Bretagne émettent de sérieuses réserves sur la sécurité des pommes de terre qu’ils étaient en train de tester. Ils ont en effet conclu qu’une partie significative de l’effet toxique puisse être du à « la construction (du gène) ou à la transformation génétique (ou bien aux deux) » utilisées pour la fabrication des plants GM (37).
12. La sécurité des aliments GM a été ouvertement remise en cause par le Professeur Bevan Moseley, généticien moléculaire et président actuel du Groupe de Travail sur les Nouveaux Aliments dans le Comité Scientifique sur l’Alimentation de l’Union Européenne (38). Il a attiré l’attention sur des effets imprévus inhérents à la technologie, en soulignant que la prochaine génération d’aliments GM –les soi-disant ‘aliments fonctionnels’ (neutraceuticals), comme le riz ‘enrichi’ de vitamine A- vont amener des risques pour la santé encore plus grands en raison de la complexité accrue des constructions de gènes.