Vaccins H1N1: une stratégie critiquable et dispendieuse, selon le Pr Gentilini
Le Pr Marc Gentilini, spécialiste des maladies infectieuses a mis en cause dimanche une "statégie critiquable" et "dispendieuse" face au virus H1N1, qui conduit aujourd'hui la France à revendre une partie des vaccins qu'elle a commandés.
"Tout ceci était prévisible", a estimé l'ancien chef de service des Maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière et ancien président de la Croix-Rouge française, joint par l'AFP.
"A partir du moment où on décidait d'un plan critiquable, avec mise hors-jeu du service de santé principal constitué par les médecins libéraux, on courait un risque de non-acceptation par la population", a-t-il jugé, alors que seules 5 millions de personnes ont été vaccinées depuis le début de la campagne en octobre, pour 94 millions de doses commandées.
"On se trouve devant un phénomène d'emballement qui me désespère", a souligné le Pr Gentilini qui s'était exprimé dès juillet pour contester le "scénario du pire" : "Jouer le pire n'était pas forcément jouer juste et ceci se fait au détriment d'autres problèmes de santé publique, nationaux ou internationaux".
D'autant, ajoute-t-il, que compte-tenu des mutations déjà avérées du virus, ces vaccins risquent "à la longue de ne plus répondre au type de virus en circulation".
L'expert critique également une "campagne dispendieuse", en notant le prix des pages de publicité achetées par le ministère de la Santé pour promouvoir la vaccination, les 2 milliards de masques "gardés je ne sais où et dont personne ne s'interroge sur leur utilisation", ou l'usage désormais systématique du Tamiflu (l'antibiotique contre le virus H1N1) dans les hôpitaux devant tout syndrôme grippal.
"Je suis très sévère sur la façon dont on a agi parce qu'on n'a pas accepté un dialogue vrai sur les risques que faisait courir ce nouveau virus (...) alors que globalement il représente une mortalité inférieure à celle de la grippe saisonnière".
"Je conçois très bien qu'on veuille prendre une assurance tous risques, mais quand une assurance coûte beaucoup plus cher que le risque, on doit quand même s'interroger", a-t-il conclu.