Paradis fiscaux
A Saint-Hélier, la capitale de Jersey, se trouvent les nouveaux sièges de sociétés juridiques. L’île de Jersey est considérée comme une place financière, mais il faut aussi des conseils juridiques pour placer l’argent. De nombreux magasins sont devenus des banques et des bureaux modernes. On compte des banques européennes, américaines, comme « Citigroup », et aussi des banques du monde entier, par exemple, la « Bank of India ». Au nord, il y a l’ïle de Guernesey, un paradis fiscal, L’île de Brecquou, Herm et l’île de Sercq, elles aussi paradis fiscaux.
Selon les estimations américaines, Jersey, aujourd’hui, possède une fortune qui s’élève à environ 500 milliards de dollars, conservés dans des banques, sur l’île, et venus de l’extérieur. Ils sont sur des comptes de dépôt qui sont des comptes électroniques car l’argent ne s’arrête jamais à Jersey. Il y passe avant de repartir vers les grands centres financiers, en particulier celui de Londres. Le rôle de Jersey est de servir de « juridiction secrète », elle offre la possibilité, via les trusts offshore et les sociétés offshore, à des personnes vivant en dehors de l’île, en Europe, mais aussi en Afrique, en Amérique latine et en Asie, de transférer leurs avoirs sur les marchés financiers internationaux et de les cacher, de cacher ce qu’ils possèdent. C’est ce que permettent les trusts offshore et c’est l’une des spécialités de Jersey. Les trusts sont des entités légales crées dans des juridictions comme Jersey, et le fondateur de ce trust, qui en tire profit, n’a pas besoin de dévoiler son identité. En fait, bien souvent, la seule information révélée, c’est le nom du trust voire l’identité des avocats qui l’ont crée. Mais le nom des personnes derrières ces trusts, personne ne peut les savoir.
La structure classique permettant l’évasion fiscale nécessiterait de créer un trust à Jersey. Ce trust posséderait une société au Luxembourg, qui gérerait un compte bancaire aux îles Caïman ou en Suisse ou encore à Londres. Le tout c’est d’avoir plusieurs juridictions. On mêle différentes juridictions afin de maximiser le secret pour empêcher toute enquête. Il est tout simplement impossible de découvrir qui se cache derrière tel trust, qui possède vraiment telle société, qui gère réellement tel compte bancaire. Cela soulève de très graves problèmes pour le capitalisme actuel, car une grande part du commerce mondial transite par des paradis fiscaux. Et cette grande part du commerce passe par ces paradis fiscaux, non sous une forme matérielle, mais sur du papier et seulement sur du papier. Le but du commerce qui transite par des paradis fiscaux est de déplacer du capital du pays où la richesse a été créée vers les paradis fiscaux.
En Suisse il est extrêmement important de préserver la vie privée des gens et que cette protection fasse partie du système économique libéral. Cette protection de la vie privée ne peut être annulée qu’en cas d’infraction majeure. L’évasion fiscale est certes une infraction, mais elle n’est pas assez grave pour justifier l’annulation de la protection de la vie privée. Ni celle de ses propres citoyens ni celle de citoyens étrangers.
Pour les pays en voie de développement, ces paradis fiscaux sont une catastrophe. Le capital fuit massivement ces pays pour aller vers les paradis fiscaux. Et souvent ce capital ne revient pas. On estime que pour chaque dollar versé à l’Afrique pour l’aider, dix dollars au moins circulent sous la table. Leur tâche est de faire en sorte que du capital crée dans un pays s’accumule dans un autre pays où il restera entre les mains d’une élite, une infime partie de la population mondiale. Ce clan représente 3 % de la population mondiale. On estime qu’actuellement 11.5 trillions de dollars de richesse privée sont détenus dans les centres offshore et gérés dans ces centres où ils bénéficient de l’évasion fiscale. 11.5 trillions de dollars, pour vous donner une idée : si cette richesse avait un taux de retour modéré, disons de 7 %, et si ce revenu était imposé au taux très modéré de 30 %, les gouvernements du monde entier toucheraient 250 milliards de dollars de recettes annuelles supplémentaire qu’ils pourraient dépenser pour endiguer la pauvreté et atteindre les « objectifs du millénaire pour le développement » de l’ONU.
Tags: évasion fiscale, marchés financiers, Paradis fiscaux, trusts offshore, « juridiction secrète », « objectifs du millénaire pour le développement »
Posté par Sab le Jeudi 26 novembre 2009 à 16 h 21 min
dans la catégorie Vivre dans une matrice à dollars.
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